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Juliette Gréco : la muse emportée
information fournie par Le Particulier pour Conso25/09/2020 à 08:06

Juliette Gréco : la muse emportée (Crédits photo : Shutterstock)

Juliette Gréco : la muse emportée (Crédits photo : Shutterstock)

Morte à l’âge de 93 ans à Ramatuelle dans le Var, Juliette Gréco est l’une des grandes voix de la deuxième partie du XXème siècle en France. Tout au long de sa carrière, l’actrice et interprète collabore avec les plus grands artistes de son temps, donnant à la chanson française ses lettres de noblesse dans un style à la fois populaire et raffiné.

Blessure de guerre

Le monde de la culture est en émoi. La dame en noir, Juliette Gréco, vient de nous quitter ce mercredi 23 septembre 2020. Celle que l’on surnomme « La muse de Saint-Germain-des-Prés » s’en va rejoindre ces auteurs qu’elle aimait tant, de Jacques Brel à Serge Gainsbourg, en passant par Léo Ferré. Une carrière longue, dédiée aux arts, qui débute à la fin des années 30. Gréco est alors un petit rat de l’Opéra de Paris et se rêve en danseuse. Mais la guerre éclate et vient tout briser. Le clan se réfugie en Dordogne. La mère est résistante, et en 1943, la Gestapo arrête toute la famille. Juliette et sa sœur ont le temps de s’enfuir, mais elles sont rattrapées par la police française. Trop jeune pour être déportée comme sa mère et sa sœur au camp de Ravensbrück, Juliette Gréco écope d’une peine d’enferment de 3 semaines à la prison de Fresnes. Elle en gardera un amour inconditionnel pour la liberté.

Naissance d’une icône

Retour à Saint-Germain-des-Prés. Juliette Greco se réfugie dans une pension familiale, près du domicile de l’actrice Hélène Duc. Le courant passe et la future icône veut désormais percer en tant qu’actrice. On la voit dans les théâtres, mais ce n’est qu’au moment de la libération que Gréco va se faire un nom. Un vent de liberté souffle sur la France. Les caves et bars de Saint-Germain-des-Prés, deviennent les points de rencontre de toute l’intelligentsia française et internationale. La vie de la jeune femme se partage alors entre des petits boulots le jour, et le monde de la nuit où elle parfait son éducation auprès de Simone de Beauvoir, Maurice Merleau-Ponty ou encore Jean-Paul Sartre. C’est d’ailleurs ce dernier qui la lance dans la musique en lui écrivant une chanson, rue des Blancs-Manteaux, sur une musique de Joseph Kosma. Au dos du 33 tours, le philosophe écrit : "Gréco a des millions dans la gorge : des millions de poèmes qui ne sont pas encore écrits, dont on écrira quelques-uns". Un peu plus tard, le romancier et poète Raymond Queneau lui offre Si tu t'imagines. Un carton qui fait entrer Gréco dans l’oreille des Français. Dans le même temps, Juliette est amoureuse. Elle s’éprend de Miles Davis, le compositeur et trompettiste de jazz. Ils songent un temps au mariage. Mais à cette époque, l’Amérique raciste interdit les unions mixtes. Miles refuse de voir celle qu’il aime passer pour une « putain » dans son pays. La mort dans l’âme, les deux amants se séparent.

Gréco, les années d’or

De la fin des années 50 au début des années 70, Gréco est partout. A la télévision avec la série Belphégor. Au cinéma, dans les films d’Orson Welles, de Richard Fleischer ou d’Anatole Litvak. Mais surtout sur scène. Face au public auquel elle restera fidèle toute sa vie. Elle y interprète les titres poétiques que lui écrivent les plus grands artistes de l’époque, de Serge Gainsbourg avec la Javanaise en passant par Léo Ferré, avec Jolie Môme ou encore Robert Nyel et le mythique Déshabillez-moi. Son phrasé, son allure, sa liberté marquent les esprits. Dans les années 80, Juliette Gréco s’institutionnalise avec l’arrivée de la gauche au pouvoir. Elle obtient la légion d’Honneur. Si sa carrière est plus calme, la dame en noir continue de se produire sur scène.

Le second souffle

Il faut attendre la décennie 2000 et ses multiples collaborations avec la jeune scène française pour que Juliette Gréco fasse à nouveau parler d’elle. Olivia Ruiz, Miossec, Adrienne Pauly, Abd al Malik Benjamin Biolay sont autant de jeunes artistes avec laquelle l’icône prend plaisir à collaborer. A tel point qu’elle entame en 2015 une tournée d’adieu, à l’âge de 88 ans. « Je veux arrêter avant de faire pitié », s’amuse-t-elle. Un tour de chant d’un an, à travers les villes qui ont marqué sa carrière sans oublier, en 2015, une incursion à la Fête de l’Huma. Au piano, c’est son dernier amour qui l’accompagne, Gérard Jouannest. Mais la tournée tourne court et en 2016, à la suite d’un AVC, l’artiste est contrainte de prendre du recul. Quatre ans plus tard, la Jolie Môme de Ferré disparait. Partie danser la Javanaise avec ceux qui l’ont fait chanter…

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